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Nice Cosmopolite 1860-2010

 

    

 

 

 

Dès la période de la Belle Époque, des écrits contemporains s’interrogeaient déjà sur la place des influences extérieures dans l’évolution de la cité niçoise[1]. Nonobstant ces premières réflexions de Robert de Souza, pour trouver un véritable travail qui ait un minimum de recul sur la question, il faut attendre les travaux de Robert Latouche un demi-siècle plus tard. Ce dernier jette les premières fondations des études sur les évolutions ethniques et sociales de la cité azuréenne [2]. Le chercheur voulait établir le contraste entre la population niçoise du XIXe siècle, qu'il estime très repliée sur elle-même, et celle du milieu du XXe siècle, ouverte aux influences extérieures. Cependant, la mise en lumière de ce processus d’ouverture de Nice au-delà même de la pertinance ou non du constat n’a que peu d’écho dans les études scientifiques des années 1960 et 1970, mis à part quelques essais sur la communauté italienne. Il faut attendre la fin des années 1980 pour trouver des recherches inédites sur les autres populations (Russes, Anglo-Saxons etc…) alors que la question italienne est désormais abordée à travers un prisme socio-culturel [3]. Au milieu des années 1990, ces études côtoient des travaux de plus en plus nombreux appartenant à une autre tendance historiographique qui s'impose véritablement dans les années 2000, celle des recherches sur les questions d’immigration, d’identité et d’intégration. Les nouveaux paradigmes adoptés prennent désormais en compte le culturel tout en n’abandonnant pas le social, le politique et l’économique. Un tel foisonnement de réflexions permet de comprendre les dynamiques exogènes dans une perspective diachronique et ainsi amènent Ralph Schor, Stéphane Mourlane et Yvan Gastaud, trois historiens qui s'intéressent fortement à ce type de recherche dans leurs travaux, à se demander comment une ville comme Nice a pu s’adapter et se transformer sous le coup des flux touristiques ou migratoires, des influences culturelles, des engagements politiques et des évolutions architecturales ou urbanistiques. Pour répondre à ces interrogations, un concept philosophique a été adapté par les historiens – le cosmopolitisme[4] –  qui s’applique en fait à un espace urbain délimité pour connaître le brassage social en son sein et en quelque sorte « mesurer » son ouverture sur le monde. C’est ce que se proposent de faire Ralph Schor, Yvan Gastaut et Stéphane Mourlane, les auteurs de Nice Cosmopolite 1860-2010, paru aux éditions Autrement en 2010, donc dans un moment charnière pour la ville qui célébrait, avec un engouement somme toute limité, le cent-cinquantenaire de son appartenance à la France.

 

    Définie dès l’introduction par les auteurs comme particulièrement adaptée aux villes méditerranéennes[5], la notion de cosmopolitisme permet de pointer les singularités de l’évolution de processus généraux dans un espace urbain. Appliqué à la cité azuréenne, le concept désigne alors aussi bien la diversité des paysages, des « reflets d’autres régions du monde »(p.6), que celle des populations qui coexistent. Pour les auteurs, il s’agit de montrer que la « Nice touristique », la « Nice frontalière », et la « Nice méditerranéenne et européenne », ne forment qu’une seule et même ville, par essence ouverte sur le monde – revenant ainsi sur les développements de Robert Latouche – et qui a su devenir moderne. Cet ouvrage analyse en fait le long processus qui a conduit la cité azuréenne à inscrire le cosmopolitisme dans son identité locale à travers l’intégration de populations exogènes ou d’influences extérieures très diverses. Une dynamique d’ouverture sur le monde enclenchée à la fin du XIXe siècle puis poursuivie et accentuée durant la deuxième moitié du XXe siècle. En ce sens, la délimitation chronologique apparaît judicieuse car le cosmopolitisme de la cité niçoise a correspondu à la période de son intégration progressive à la France, bien que la tendance soit indéniablement plus ancienne. Évitant le piège de l’utopisme, les auteurs mènent une analyse diachronique permettant d’aborder tous les aspects inhérents à la coexistence de populations diverses ayant des cultures et des modes de vie différents. L’analyse aborde aussi bien les influences, l’intégration, l’adaptation que les formes de rejet de cette diversité par des populations locales jugées parfois conservatrices.

 

     Tous ces éléments ressortent clairement dans la première partie de l’ouvrage consacrée à la période de la Belle Époque. La construction du train, achevée en 1864, ainsi que l’essoufflement du mouvement séparatiste, à la fin des années 1870, donnèrent à la cité un terreau favorable au développement d’un tourisme hivernant. Les paysages et le climat azuréens attiraient autant les grandes aristocraties que les hommes illustres de la politique, des arts et des affaires. Ces touristes du luxe venaient en majorité d’Europe du Nord, avec tout de même une prédominance des Anglais. D’où l’habitude prise par les Niçois, et qui ressort clairement dans le nom même de la Promenade des Anglais, d’utiliser cette dénomination pour désigner génériquement tous ces riches étrangers. D’abord adeptes de la construction de villas pour leurs séjours, à la fin de la période les hivernants privilégièrent les hôtels de luxe qui fleurissaient le long de la baie des Anges. L’éclectisme architectural, culturel et artistique, qu’induisait la présence d’autant de nationalités différentes, n’échappait pas aux observateurs, qu’ils fussent journalistes, commentateurs ou touristes eux-mêmes. Le vocabulaire utilisé, repris par les nombreux guides touristiques, entre pleinement dans le champ sémantique du cosmopolitisme. L’exploitation de ces mines d’informations que sont les lectures d’articles de journaux, de romans ou de récits personnels, est bien mise en perspective dans l’ouvrage.

 

    Alors que Nice découvrait la modernité à la Belle Époque, le tourisme modifiait sensiblement la vie dans la cité, mais ce ne fut pas le seul à forger le cosmopolitisme niçois. En effet, à ces « Anglais » en quête de luxe, il fallait opposer les « Piémontais »,  travailleurs immigrés arrivant à Nice. Le terme, devenu générique, doit son origine au fait qu’une majorité de ces migrants était des Italiens venus des territoires qui appartenaient quelques décennies plus tôt au même ensemble politique que Nice – le royaume de Sardaigne –, comme la Ligurie, pour travailler en tant que domestiques ou ouvriers sur les chantiers. Les auteurs s’appliquent à lier les deux phénomènes majeurs du cosmopolitisme niçois de la Belle Époque. L’essor économique et les constructions nécessaires au développement de l’activité touristique firent de la ville un bassin d’emplois attrayant pour les travailleurs immigrés. La méfiance des Niçois était forte tant ils considéraient comme déloyale cette concurrence qui acceptaient des conditions de vie misérables et subissaient toutes les humiliations. Cependant, hormis quelques heurts dans les rues de Nice, les incidents xénophobes furent rares. Même si l’inquiétude des locaux les poussait à un certain repli sur la culture niçoise, et à quelques résistances identitaires, c’est bien un lent processus d’intégration qui s’engageait, notamment par l’apprentissage de la langue et le travail qui permettait l’installation dans la région. L’ouvrage rend bien compte de la dualité du cosmopolitisme niçois de la Belle Époque, une société marquée par la violence de la confrontation entre la misère des immigrés et l’opulence des hivernants. Aux quartiers populaires (Riquier, Saint Roch etc…) abritant les infrastructures insalubres et bruyantes (gare de commerce, prison etc…) et au vieux Nice baroque aux goûts d’Italie populaire accueillant les bâtiments officiels (mairie, préfecture etc…) s’opposait, sur la rive droite du Paillon, la « Nice luxueuse », avec la gare pour les voyageurs, les villas et les boutiques de luxe. Ce modèle ne fut point modifié par la Première Guerre mondiale malgré un arrêt net du tourisme durant le conflit.

 

    Dès la fin de la Grande Guerre, au retour en force de l’activité touristique hivernale se mêlaient une croissance démographique considérable et une extension rapide de l’espace urbain. C’est durant l’entre-deux-guerres que les emplois dans le secteur du tourisme et dans celui du bâtiment prirent le pas sur l’activité agricole alors que l’évolution générale de la France voyait le basculement du rapport rural/urbain devenir pour la première fois favorable au second[7]. Les migrations s’accentuèrent sans que ne se modifiât le profil du travailleur « Piémontais », fuyant la misère et profitant du peu d’entrain des Français pour la précarité des emplois offerts par un tourisme saisonnier. Les auteurs montrent bien comment le secteur du bâtiment était perçu par ces migrants comme idéal pour s’élever socialement, c’est d’ailleurs à cette époque que se répandit la figure du « maçon italien ». Néanmoins, une certaine diversification des migrations s’observait avec l’arrivée de réfugiés Arméniens, de Russes blancs, mais aussi de juifs d’Europe centrale. Les exilés avaient tous en commun un certain communautarisme et la volonté d’entretenir leur culture et leur langue. Bien souvent les espoirs de retour qu’ils nourrissaient ne facilitaient pas l’intégration. En cela, ils divergeaient de la masse immigrée italienne qui, malgré les nombreux préjugés xénophobes des autochtones, se sentait plus intégrée. Outre les proximités paysagères et climatiques, les parentés culturelles et linguistiques, c’est surtout la présence d’un nombre quasiment équivalent de migrants hommes et femmes (maçons et domestiques si l’on voulait simplifier l’idée), donnant la possibilité de fonder une famille et donc de s’installer durablement, qui favorisait une installation durable dans la cité azuréenne. En plus de leur participation à l’économie, l’apport de leur culture et de leur langue, les Italiens importèrent aussi des idées politiques à Nice, et notamment le vif débat autour du fascisme mussolinien.

 

    Les auteurs commencent leur analyse sur cette partie sensible de l’histoire du cosmopolitisme niçois par la déconstruction d’une idée reçue. La cité azuréenne est souvent perçue comme une terre d’accueil des antifascistes italiens exilés, mais en réalité la situation niçoise était bien plus complexe que cela. À la faveur de la crise économique des années 1930, et en s’appuyant sur le consulat italien de Nice, les fascistes adoptèrent une politique d’aide sociale en faveur des familles de migrants se trouvant dans la misère. Les antifascistes, de leur côté, décidèrent de reproduire ce modèle afin de contrer cette stratégie et d’augmenter leur audience et de s’engager dans cette lutte politico-sociale. Cependant, et malgré quelques heurts notables, la division des forces de l’antifascisme et de la gauche italienne (désaccords entre communistes et socialistes) et la faiblesse de la percée fasciste à Nice, due à la haine des locaux pour l’irrédentisme affirmé de Mussolini, limitèrent les oppositions brutales dans la cité. D’autant que les désordres causés par ces affrontements rendaient les deux camps très impopulaires dans l’opinion niçoise et encourageaient les autorités à renforcer la surveillance et la répression. Pour autant, c’est bien une ville marquée par de forts relents xénophobes et antisémites qui accepta la politique vichyste menée après la défaite française de 1940. Alors que bon nombre d’étrangers, de tous horizons, s’engagèrent aux côtés des résistants français, les juifs ne purent compter que sur la bienveillance de certains habitants et des autorités ecclésiastiques locales[8] ainsi que sur l’occupation italienne à partir de 1942 pour obtenir un répit[9]. En effet, des rafles avaient été commises par les autorités vichystes avant l’arrivée des forces transalpines et elles reprirent avec l’occupation allemande à partir de 1943. Les auteurs, en adoptant le prisme du cosmopolitisme pour analyser la Seconde Guerre mondiale, montrent comment, dans l’esprit de nombre de Niçois, l’image de  familles juives anciennement implantées – comme celle des Avigdor qui a marqué l’histoire niçoise – a finalement primé sur celle du juif cosmopolite destructeur d’identité nationale. Cette période d’ébranlement du cosmopolitisme niçois a surtout dévoilé le degré d’intégration des étrangers dans la cité azuréenne.

 

     La dernière partie de l’ouvrage fait le lien entre le passé et le présent, en continuant l’étude du processus cosmopolite à Nice, elle dessine aussi les contours actuels de celui-ci et pose les bases des interrogations liées à son évolution future dans un monde globalisé. Les auteurs effectuent donc une analyse complète de toutes les caractéristiques du cosmopolitisme niçois sans négliger l’étude des réticences locales. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, malgré le traumatisme de l’occupation mussolinienne, l’intégration des Italiens se parachèvent, ces derniers étant désormais considérés comme des autochtones à la fin des années 1970. Outre le développement exponentiel d’un tourisme estival, plus populaire pourrait-on dire en comparaison du tourisme hivernant, c’est une période où l’immigration renouvelle ses horizons et devient plus internationale. Tout au long de la seconde moitié du XXe siècle, et plus encore au début du XXIe siècle, le cosmopolitisme est vécu par les locaux comme un phénomène subi. Ce qui inquiète le plus les habitants de la ville, c’est la modification en profondeur de la composition ethnique de la population azuréenne. Durant cette période, l’immigration italienne perd sa prédominance au profit de ressortissants du Maghreb, la « Nice transfrontalière » est alors rappelée à son caractère méditerranéen par des crises ou des évènements qui lui sont extérieurs. Les conséquences de la Guerre d’Algérie provoquèrent le développement d’un sentiment manichéen chez les habitants. L’arrivée massive de rapatriés fit de Nice une « ville de pieds-noirs »[10] alors que, dans le même temps, affluaient des travailleurs immigrés fuyant la misère post-indépendantiste. Tous venaient du Maghreb, mais ils eurent un accueil bien différent. Les premiers, perçus comme des « Français abandonnés » ayant tout perdu, reçurent de l’aide des autochtones et du pouvoir local, alors que les seconds suscitaient majoritairement rejet et acrimonie. Entassés dans des bidonvilles installés dans les quartiers périphériques de la ville (comme la Digue des Français à l’Ouest) et concentrant presque tout le racisme ordinaire, les travailleurs immigrés étaient marginalisés.

 

    Dans les années 1970, la misère et le délabrement des installations posaient, aux autorités publiques, le problème du relogement des migrants. Le cosmopolitisme niçois se trouvait désormais associé à des flambées de violence et à de fortes oppositions multiculturelles. Le constat fait par les auteurs est que la « Nice cosmopolite » tend  à s’enfermer sur son conservatisme. Parmi les Niçois se répandait le mythe du déferlement de vagues clandestines sur la cité, entretenu par un pouvoir municipal et une presse locale alimentant ces relents xénophobes. Les idées de l’extrême droite, qu’elle soit locale ou nationale, connaissent alors, à cette période, une certaine popularité, encore très forte aujourd’hui, avec en point d’orgue la volonté de lutte contre l’immigration maghrébine. Les tensions actuelles du cosmopolitisme se concentrent sur deux catégories de personnes, les Roms et les jeunes des banlieues niçoises. Les quartiers périphériques sont perçus, par la majorité des habitants, comme des lieux privilégiés d’expression de la violence et de la délinquance. La peur de l’insécurité s’impose dans les débats politiques locaux et en devient la principale thématique (notamment d’organisations comme Nissa Rebela mais aussi le Front National). Pour les auteurs ce sont ces acceptions, plus fortes que les différenciations faites dans les périodes précédentes, qui font actuellement vaciller le cosmopolitisme. Le danger principal étant que le rejet et le racisme se concentrent sur une seule communauté, rendant difficile son intégration dans la cité. Les antagonismes locaux se situent dans tous les domaines, culturels, sociaux, et même cultuels si l’on observe le débat sur la construction d’une grande mosquée.

 

    Bien qu’ayant noté les côtés obscurs et les limites du brassage des populations, les auteurs envisagent le cosmopolitisme comme un mouvement historique positif pour la cité azuréenne. L’intégration lente et discrète de populations de plus en plus diverses, est un processus continu, enclenché dès la Belle Époque, et qui a dépassé les rejets parfois forts des autochtones. En bons historiens, les auteurs mettent en perspective leur étude historique afin de dégager de leurs travaux des pistes pour la compréhension du présent de la cité, pour appréhender les nouvelles formes de cosmopolitisme dans une Nice moderne et insérée dans la mondialisation mais parfois très conservatrice. L’histoire de la cité et sa position l’ont inscrite dans une dynamique cosmopolite qui fait désormais partie de son identité et qui peut être entretenue, notamment à travers des lieux symboliques ou des perspectives mémorielles.

 

 

 

[1] Voir les travaux sur l’analyse urbanistique de Robert de Souza, Nice, capitale d’hiver : Regards sur l’urbanisme niçois, 1860-1914, Paris, Berger-Levrault, 1913, réédition, Nice, Serre, 2001.

 

[2] LATOUCHE Robert, « Les origines de la population de Nice », Population, vol. 3,

n°4, 1948, p. 748-750 et du même auteur, Histoire de Nice, Nice, Tome I, 1951, 157p., Tome II, 1954, 209p., Tome 3, 1955, 169p.

 

[3] Voir, sur ce sujet : SCHOR Ralph, « L’intégration des Italiens dans les Alpes-Maritimes », dans BECHELLONI Antonio, DREYFUS Michel et MILZA Pierre, L’intégration italienne en France. Un siècle de présence italienne dans trois régions françaises 1880-1980, Paris, Complexe 1995, 420p.

 

[4] Le terme devenu concept historique prend en quelque sorte le sens qu’il a eu dès le XVIIIe siècle dans le contexte du développement des Lumières et des grands tours aristocratiques.

 

[5] Sur ce thème voir aussi GASTAUT Yvan, ESCALLIER Robert (dir.), Du cosmopolitisme en Méditerranée, Cahiers de la Méditerranée, n°67, 2003.

 

[7] GASTAUD Yvan, MOURLANE Stéphane, SCHOR Ralph, Nice Cosmopolite, 1860-2010, Paris, Autrement, Collection Mémoires/Villes, 2010, p. 50. À la Belle Époque, dans une cité niçoise encore très rurale dans ses périphéries, l’activité agricole était encore majoritaire, 13,9% de la population active contre 13,1% pour les domestiques et 9,5% pour le bâtiment. Voir p.50 de l’ouvrage Nice cosmopolite 1860-2010. En France, la population urbaine dépasse pour la première fois les 50 % au tout début des années 1930.

 

[8] Ibid., p. 108. Monseigneur Rémond (qui n'est autre que l'oncle du célèbre historien René Rémond), évêque de Nice, avait monté un réseau, avec l’aide d’un ressortissant d’origine syrienne, afin de cacher des enfants juifs. On estime environ à 500 le nombre d'enfants sauvés grâce à cette initiative. 

 

[9] Ibid., p. 107. L’armée italienne à Nice, dont le Duce était soucieux de la faire se démarquer de son puissant allié nazi et de préserver l’influence de l’Italie dans les Balkans, prit le partie de protéger les juifs contre les autorités vichystes.

 

[10] C’est environ 25 000 pieds-noirs qui s’installèrent à Nice après la fin de la Guerre d’Algérie, portant le nombre total d’habitants à 300 000. 

 




 

 

 

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